7.
À la bibliothèque
22 septembre 1971
L’enterrement d’Andrew a eu lieu aujourd’hui. Maman et papa ne voulaient pas que nous y allions, mais Sam a tellement insisté qu’ils ont fini par céder. J’ai rarement l’occasion de me rendre dans une église catholique, et j’ai été surprise d’apprécier la messe. Les rayons du soleil filtraient par les vitraux. Même si cette cérémonie ancestrale m’a semblé un peu trop solennelle, j’en ai ressenti les effets apaisants. Je n’ai pas pu m’empêcher de la comparer au cercle que nous avons formé hier chez Patience Stamp. C’est une potière ; sa maison, très simple, est décorée d’une multitude d’objets artisanaux. Nous nous sommes donné la main, et la magye qui nous a traversés nous a aidés à surmonter notre douleur. J’ai retrouvé cette même sorte de magye dans l’église – une magye bénéfique qui unit les gens entre eux. Au milieu de la messe, j’ai vu que les joues de Sam étaient inondées de larmes, alors je lui ai donné un mouchoir. Sa peine me touchait.
Plus tard, j’ai découvert qu’il éprouvait bien plus que du chagrin.
Après l’office, Sam est entré dans ma chambre et s’est assis au bord de mon lit. Lorsque j’ai vu qu’il tenait le livre – celui de Harris Stoughton –, j’ai pris peur.
Il m’a alors expliqué qu’il avait essayé de lancer un sort mineur – de magye tempestaire – parce qu’il n’avait pas plu depuis trop longtemps. Il voulait juste savoir s’il était capable de faire tomber un peu de pluie. Voilà comment, il y a dix jours de cela, lorsque la lune était croissante, il est passé à l’acte. Il m’a dit que ce n’était pas vraiment sa faute puisqu’il ne pouvait pas savoir ce qui se produirait.
Il m’a fallu une demi-minute pour comprendre. Le souffle m’a manqué. Comment avait-il pu faire une chose pareille ? Comment ? L’orage qui avait tué l’équipage du Lady Marie, c’était lui qui l’avait provoqué ! Je l’ai agrippé par le col pour le secouer. « Qu’as-tu fait ? » Je criais presque, et Sam s’est mis à hurler. Le livre est tombé de ses genoux et je me suis précipitée pour le ramasser. Il me semblait chaud au toucher, comme s’il était vivant, et j’ai eu envie de le jeter au sol, sans toutefois oser le faire.
Je dois brûler cet objet de malheur avant qu’il ne cause notre perte à tous.
Sarah Curtis
* * *
— Morgan !
Je savais que c’était la voix de Bree, mais je ne pouvais ni répondre ni tourner la tête parce que j’avais coincé mon verre en plastique empli de thé entre mes dents pour pouvoir fermer à clé ma voiture. Les arabesques de vapeur qui s’élevaient du liquide brûlant et se mêlaient à mon souffle se dissipaient rapidement.
— Attends, a-t-elle ajouté en me prenant le verre.
— Merci, ai-je soufflé.
— Tu as une seconde ?
— Bien sûr, ai-je répondu en lui reprenant mon thé. Quoi de neuf ?
— Robbie et moi, c’est fini.
J’ai failli m’étrangler avec la gorgée que je venais d’avaler.
— Quoi ?
Je l’ai regardée avec plus d’attention. Le teint blême, les yeux rougis… Elle ne plaisantait pas.
— Est-ce qu’on peut… a-t-elle balbutié en jetant un coup d’œil à ma voiture.
— Bien sûr.
J’ai posé mon verre sur le toit pour déverrouiller la portière. Les cours commençaient dans dix minutes.
— Comment ça, c’est fini ? ai-je répété lorsqu’elle s’est assise près de moi côté passager. Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Rien de spécial. On en a discuté tous les deux hier soir, m’a-t-elle répondu en haussant vaguement les épaules. Il m’a dit qu’il avait besoin de prendre ses distances.
J’ai attendu un instant avant de la relancer :
— Et ?
— C’est tout.
Elle regardait droit devant elle. Le parking se remplissait à mesure que les professeurs et les élèves arrivaient.
— Bree, cela ne veut pas forcément dire que Robbie ne veut plus que vous sortiez ensemble.
J’en étais persuadée. Et sinon, Robbie et moi, nous allions avoir une très longue conversation.
Bree a levé les yeux au ciel, l’air de dire : « Grandis un peu, Morgan. »
— Pitié, je sais très bien ce que ça signifie. Et puis ce n’est pas bien grave, a-t-elle ajouté en glissant les doigts dans ses cheveux. Je commençais à me lasser, à avoir envie d’autre chose.
— Bree, ai-je murmuré doucement, c’est moi, Morgan. Tu n’as pas besoin de faire semblant.
Elle s’est tournée vers moi et son visage s’est décomposé. Elle a éclaté en sanglots et j’ai eu l’impression de la revoir lorsque Todd Hall lui avait brisé le cœur, en cinquième.
— Je sais. J’avais juste… envie de dire quelque chose de méchant.
Alors que j’allais répondre, la sonnerie a retenti au loin et Bree est descendue de voiture.
— Bree ! ai-je lancé. Parles-en à Robbie !
Mais elle avait déjà claqué la porte et se dirigeait à grands pas vers le lycée. Je ne savais pas si elle m’avait entendue, ni si cela aurait changé quoi que ce soit de toute façon.
* * *
— Je serai là à dix-huit heures, ai-je dit à ma mère.
Je l’avais appelée de la cabine téléphonique de la bibliothèque.
— Parfait. Pour notre « soirée famille », je pensais préparer des sundays au caramel. On les dégustera en jouant à des jeux de société.
La légère friture sur la ligne ne parvenait pas à couvrir l’excitation de ma mère. Je sentais qu’elle voulait faire la paix après notre dispute de la veille.
— Bonne idée, maman, ai-je répondu, soudain prise d’un accès de culpabilité.
Je lui avais annoncé que j’étais venue à la bibliothèque pour réviser mes cours d’histoire et de biologie, sans préciser qu’il s’agissait de l’histoire de la Wicca et de magye botanique. Elle, de son côté, se donnait du mal pour organiser une soirée agréable pour toute la famille. J’étais une fille indigne.
— À tout à l’heure.
J’ai raccroché en me sentant plus bas que terre.
— Tout va bien ? m’a demandé Erin lorsque je me suis laissée tomber sur la chaise face à elle.
Les coudes sur la table, j’ai posé le menton sur mes mains.
— Oui, je devais juste prévenir ma mère.
Erin m’a observée en silence. Comme d’habitude, je me suis cru obligée de m’expliquer.
— Ils sont… catholiques. Ils désapprouvent la sorcellerie. Et ils menacent de m’envoyer dans un lycée catho.
— Je me demande ce que ta mère aurait pensé de tout ça.
Pendant une fraction de seconde, mes idées se sont brouillées. Ne venait-on pas justement de parler de ma mère ? Puis j’ai compris qu’Erin pensait à Maeve, ma mère biologique. Mon cœur s’est serré.
— Vous la connaissiez ? me suis-je enquise, la bouche sèche.
— Je l’ai rencontrée une fois, brièvement. Elle devait avoir quinze ans et moi, vingt et un. Ma meilleure amie, Mary, avait épousé un sorcier de Belwicket, a-t-elle ajouté, le regard assombri.
— Et votre amie… est-ce que…
— Disparue. Comme tous les autres.
Un court silence s’est installé entre nous.
— Je n’imagine même pas quelle a pu être ton enfance, dans une maison sans magye, a-t-elle repris.
— Ce n’était pas si mal, puisque je n’avais jamais rien connu d’autre… avant de rencontrer Cal.
J’ai guetté sa réaction, ne sachant pas ce qu’elle connaissait de mon histoire.
— Sgàth, a-t-elle soupiré – le nom de sorcier de Cal. Morgan, je sais que tu n’as pas eu la vie facile. Cependant, tu dois trouver en toi la motivation pour travailler très dur, plus dur que la plupart des novices. En as-tu envie ?
— Oui, ai-je répondu sans hésiter.
— Bien. J’ai consulté le catalogue de la bibliothèque, qui référence un nombre incroyable d’ouvrages sur l’histoire de la sorcellerie. Nous pourrons partir de là.
Elle m’a tendu un bout de papier : une liste de cinq livres avec leur cote pour que je les trouve facilement.
— Je reviens tout de suite, ai-je annoncé.
Je me dirigeais vers le rayon des sciences occultes lorsque j’ai reconnu, penchée sur un cahier à l’une des tables bordant l’allée, une chevelure auburn qui m’était familière. Mary K. Elle avait fait l’aller-retour au lycée avec Susan Wallace – elle m’évitait encore. En face d’elle, Alisa lui murmurait quelque chose. À propos de mes pouvoirs maléfiques, sans doute.
Une petite voix m’a soufflé que je ferais mieux de passer mon chemin pour aller chercher les livres. C’était probablement la meilleure chose à faire, mais j’étais incapable de m’y résoudre. Il y avait un je-ne-sais-quoi dans l’attitude d’Alisa qui me donnait envie de l’éloigner de Mary K. Les choses étaient suffisamment compliquées dans notre famille sans qu’Alisa en rajoute une couche.
— Salut ! ai-je lancé en m’approchant.
Ma sœur a sursauté et aussitôt dissimulé ce qu’elle était en train d’écrire. Alisa était blême.
— Oh, euh… salut, Morgan, a répondu Mary K.
Sa voix était un peu altérée… Par la colère ? Par la peur ? Difficile de le deviner, vu son expression impassible.
— Sur quoi vous travaillez ?
— Euh… juste une dissertation. Et toi, qu’est-ce que tu fais là ? m’a-t-elle demandé en regardant par-dessus mon épaule.
— Je suis venue réviser, ai-je répondu en essayant de déchiffrer ses pages de notes. Vous avez déjà bien avancé, on dirait, ai-je insisté, histoire d’alimenter la conversation.
Mary K. avait l’air très mal à l’aise. Je me suis tournée vers Alisa, qui était aussi immobile qu’une statue.
— C’est un travail en binôme ?
Alisa ne m’a pas répondu. Elle contemplait la table de la bibliothèque comme si elle n’avait jamais rien vu d’aussi fascinant.
Que pouvaient-elles bien me cacher ?
— Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? ai-je fini par demander.
Ma sœur s’est tournée vers Alisa d’un air désespéré.
— Mary K. m’aide à écrire une lettre, a répondu cette dernière sans lever la tête. Au journal de la région.
Là, elle m’a enfin regardée en face avant de conclure :
— À propos de la sorcellerie que certains pratiquent dans les environs et de ses dangers.
Elle ment, telle a été ma première pensée. Elle ment, elle ne ferait jamais une chose pareille. Et encore moins avec l’aide de Mary K.
Je me suis tournée vers ma sœur.
— C’est vrai ?
Elle n’a rien dit.
— C’était mon idée, a lancé Alisa en me regardant toujours d’un air de défi.
— Mary K. ? ai-je soufflé.
Celle-ci n’a pas relevé la tête.
— C’était mon idée, a répété Alisa.
— Qu’est-ce que tu me reproches ? lui ai-je demandé, les bras croisés sur la poitrine.
— Pardon ?
— Est-ce que je t’ai contrariée d’une façon ou d’une autre ? Ou est-ce qu’un membre de Kithic t’a fait du mal ? On dirait que tu t’es retournée contre nous, ai-je ajouté en m’efforçant de contenir ma colère.
— Ce… ce n’est pas vrai, a-t-elle protesté faiblement.
— Ah bon ? Alors, quel est le but de cette lettre ?
— C’est pour… pour…
Visiblement incapable de trouver ses mots, elle a baissé les yeux avant de poursuivre :
— Écoute, oublie ça. Oublie la lettre. Je ne vais pas l’envoyer.
— Ça ne répond pas à ma question.
— Morgan, a coupé Mary K., elle vient de dire qu’elle ne l’enverrait pas. Ça ne suffit pas ?
— Je ne sais pas.
Ce qui était la stricte vérité. Je voulais comprendre ce qui se passait dans la tête d’Alisa, mais elle s’y opposait fermement.
— À ce soir, ai-je lancé à ma sœur.
Elle a acquiescé, puis s’est de nouveau penchée sur la lettre. Sans un mot pour Alisa, je me suis éloignée en fulminant.
N’y pense plus, me suis-je dit. Tu pourras toujours en reparler plus tard à Mary K. En vérifiant les cotes fournies par Erin, je me suis rendu compte que les livres se trouvaient sur l’étagère du haut. J’ai attrapé l’escabeau et, une fois au sommet, j’ai parcouru les titres des ouvrages.
— L’Héritage des Sept Grands Clans, ai-je marmonné. L’Héritage des…
L’escabeau a penché un peu d’un côté et, d’instinct, je me suis cramponnée à l’étagère pour rétablir mon équilibre. Il doit être bancal, ai-je pensé en faisant peser mon poids d’un côté, puis de l’autre, pour tester sa stabilité. L’escabeau n’a pas bougé.
Je n’ai pas eu le temps de m’étonner car, un instant plus tard, un livre a jailli du rayonnage et a percuté les ouvrages sur l’étagère d’en face. Ça ne va pas recommencer… me suis-je dit lorsque l’étagère tout entière s’est mise à trembler. Dans un grincement assourdissant, elle s’est penchée vers moi.
Je n’ai même pas eu le temps de crier : j’ai sauté de l’escabeau au moment même où l’étagère tombait. Dans un grondement sourd, elle a cogné celle d’en face et tous les livres ont dégringolé par terre. Je me suis retrouvée accroupie sous l’étagère penchée, une douleur fulgurante dans l’épaule. Des cris ont retenti tandis que quelques personnes se précipitaient vers moi.
— Tout va bien ? s’est inquiétée la bibliothécaire en m’aidant à me relever. Vous auriez pu vous blesser !
J’ai commencé à trembler en voyant les dégâts. Elle avait raison. Le rayonnage était aussi large que haut et chargé de lourds volumes. J’aurais été écrasée si l’étagère d’en face n’avait pas arrêté sa chute. Et si les deux étaient tombés, il y aurait sans doute eu d’autres blessés. J’ai frémi.
Erin s’est faufilée parmi le petit groupe de personnes rassemblées autour de moi.
— Morgan ! Que s’est-il passé ?
Son ton était brusque, son front plissé par l’inquiétude.
J’ai jeté un coup d’œil vers la bibliothécaire qui inspectait prudemment l’étagère.
— C’était comme l’autre soir chez Hunter, ai-je murmuré. J’ai vu un livre jaillir et puis tout s’est effondré.
Je tremblais comme une feuille, à présent. Ciaran, me suis-je dit. C’est forcément lui. Qui d’autre ferait – ou pourrait – accomplir une chose pareille ? Mon père biologique en avait vraiment après moi. En repensant au sort qu’il avait réservé à ma mère, et à tout son coven, j’ai eu le souffle coupé. Comment pourrais-je lui échapper ?
— Comment te sens-tu ? m’a demandé Erin.
— Ça va, ai-je répondu en tâtant mon épaule douloureuse, celle sur laquelle j’avais atterri. Juste quelques bosses.
— Non… Je veux dire, est-ce que tu as le tournis ? des vertiges ? Est-ce que tu as besoin de libérer ton énergie ? m’a-t-elle interrogée encore en me posant la main sur le front.
J’ai soudain compris où elle voulait en venir.
— Vous pensez que c’est moi qui ai provoqué ça, ai-je murmuré.
— Qui d’autre ?
— Ciaran, ai-je répondu, frappée de terreur.
— Je ne crois pas, non.
Son ton assuré m’a fait douter de moi-même.
Pouvais-je vraiment être responsable de cet accident ? Peu probable. J’aurais senti ma magye m’envahir.
— As-tu la moindre idée de la façon dont tu as invoqué le feu blanc hier, chez Magye Pratique ? m’a-t-elle demandé d’un ton abrupt.
— Non, ai-je admis.
— Morgan ? a lancé quelqu’un derrière moi. Mon Dieu, Morgan… tu vas bien ?
C’était Mary K. Alisa la suivait de près.
— Oui, l’ai-je rassurée lorsqu’elle est venue me serrer dans ses bras.
J’ai grimacé en silence quand la douleur s’est réveillée dans mon épaule.
— Qu’est-ce qui s’est passé ?
Quelqu’un aurait pu être blessé, hurlait une voix dans ma tête. Et même tué !
— Tu avais pris appui dessus ou quoi ?
J’ai secoué la tête en silence. Alisa toisait Erin comme si elle était un serpent venimeux ou une tarentule. Son regard a fait quelques allers-retours entre Erin et le rayonnage, puis s’est reposé sur moi. Je voyais presque les engrenages de son esprit se mettre en marche. Elle sait, ai-je compris. Elle sait qu’il s’agit d’une autre aberration magyque.
— Ce n’est pas normal, a lâché Alisa.
— En effet, a renchéri Erin tout en la dévisageant. On se connaît, non ?
— On s’est vues samedi soir, a-t-elle répondu. Chez Hunter et Sky.
Mary K. s’est tournée brusquement vers Erin, avant de reculer d’un pas. Elle avait reconstitué le puzzle. Qui disait samedi soir chez Hunter disait sorcellerie. Elle s’en est aussitôt prise à moi :
— Je croyais que tu étais venue réviser ? m’a-t-elle lancé d’un ton sarcastique.
Sur ces mots, elle a tourné les talons et s’est dirigée vers la sortie. J’allais la suivre lorsque Erin m’a retenue d’une poigne de fer.
— Je suis contente que tu n’aies rien, a chuchoté Alisa, avant de retourner à sa table rassembler ses affaires.
— Morgan… a soufflé Erin en me secouant doucement. Morgan, nous devons former un cercle. Tout de suite.
— Un cercle ? ai-je répété, hébétée, devant son expression solennelle.
— Ça devient très grave, a-t-elle ajouté en désignant l’étagère penchée. Nous ne pouvons plus attendre.
— Que voulez-vous dire ? ai-je demandé, même si je redoutais d’entendre sa réponse.
— Que nous devons brider tes pouvoirs. Lorsque tu en sauras davantage – et que tu pourras contrôler ta magye –, nous lancerons un contre-sort. Mais, pour l’instant, tu es dangereuse. Je suis désolée, Morgan, a-t-elle ajouté en me prenant la main.
J’en ai eu le souffle coupé. Dangereuse. Ce mot a résonné dans ma tête.
Non, hors de question ! aurais-je voulu crier. Puis j’ai repensé à ma boule de feu blanc. Erin avait raison. J’ignorais d’où me venaient cette puissance, cette connaissance. Cela dit, la situation avait été différente, chez Magye Pratique – j’avais bien ressenti le moment où l’énergie m’avait envahie, et où je l’avais canalisée. Ensuite, l’incident chez Hunter, quand la flamme de la bougie s’était éteinte, que les ampoules avaient explosé, m’est revenu. Il aurait pu y avoir un incendie. Sans parler de la chute du rayonnage. Mary K. était là, me suis-je dit. Mary K. aurait pu se retrouver sous cette étagère.
La peur m’oppressait. Erin guettait visiblement ma réponse.
— D’accord, ai-je fini par articuler. Allons-y.